Il était le fils de Charles-Quint et d’une jeune femme de Ratisbonne, Barbara Blomberg. Né en 1547, il fut baptisé sous le nom de Géromino. L’endroit de sa naissance n’est pas connu avec certitude. A l’âge de trois ans, alors qu’il vivait à Bruxelles, il fut confié par l’Empereur à un musicien de la chapelle impériale, Adrien Dubois, qui devait l’emmener en Espagne où il séjourna jusqu’en 1554, dans un village des environs de Madrid. A partir de cette date, il fut élevé au Château de Villagarcia par Dona Magdalena de Ulloa, épouse du majordome de l’empereur, Don Luis Mendès Quijala.
Au moment de sa mort, Charles-Quint reconnut son fils naturel par testament. Philippe II ayant succédé à son père, fit venir auprès de lui son demi-frère et lui révéla sa véritable origine.
Il lui fit abandonner son nom pour prendre celui de Don Juan d’Autriche, et l’installa dans son palais de Vallaloïd.
Là, Don Juan d’Autriche eut alors comme compagnons Don Carlos, (le fils de Philippe II) et Alexandre Farnèse.
Ayant choisi la carrière des armes, il se tailla très tôt une grande renommée. Il dirigea avec succès les expéditions contre les Maures, entre 1568 et 1570 et se couvrit de gloire en remportant
l’éclatante victoire navale de Lépante contre les Turcs en 1571. Il avait alors 24 ans et il était déjà le général le plus célèbre de l’Europe.
En 1577, Philippe II le désignait comme successeur de Don Luis de Réquessens gouverneur général des Pays-Bas. Il était beau garçon, intelligent et très aimable.
L’armée royale entra en contact avec celle des Etats au moment où celle-ci atteignit Gembloux. Ce fut la bataille de Gembloux. L’armée des Etats avançait péniblement sur une route en corniche, le
long d’un ravin, lorsque la cavalerie espagnole commandée par Alexandre Farnèse fonça sur elle, l’attaquant à l’improviste et sur le côté. Don Juan arriva alors avec le gros de ses troupes et
défit facilement cette armée en panique. Une chapelle, connue aujourd’hui sous le nom de « Chapelle-Dieu » fut élevée à Gembloux pour commémorer cette victoire.
Don Juan ne paraît pas seul, mais accompagné par son neveu Alexandre Farnèse et escorté militairement par un groupe de hallebardiers wallons au service de l’Espagne.
En 1578, Don Juan, enfant naturel mais reconnu de l’empereur Charles-Quint, demi frère de Philippe II, roi d’Espagne, achevait à Bouge, à l’âge de trente ans, une existence aussi brève que
tragique, belle comme une épopée palpitante, comme un roman de cape et d’épée, riche comme une enluminure.
Vainqueur des Maures en Andalousie, sauveur de l’Europe face aux Turcs, à Lépante, il arrive dans nos provinces, venant d’Italie, dans les régions en pleine anarchie, sur le point d’échapper au
contrôle de Philippe II .
La fin d’une longue et grande amitié. Alexandre Farnèse et la mort de Don Juan (octobre 1578). C’est le 16 septembre que Don Juan fut pris de fièvre. C’est probablement en visitant les soldats
malades de la fièvre typhoïde que le gouverneur général avait contracté le mal. Dans le village de Bouges, il n’y avait, lorsque l’armée s’installa aux alentours, que neuf maisons de paysans,
occupées par des gens en majorité déjà atteints par le fléau. Les soldats espagnols en furent immédiatement infectés. Certains jours, on compta plus de 300 décès.
Don Juan s’était toujours beaucoup occupé des soldats de son armée qui étaient victimes de maladie ; il les visitait dans leurs baraquements, il allait chercher lui-même les chariots
nécessaires à leur transport à l’infirmerie. Il a fait construire à Bouges un hôpital isolé pour les victimes.
On transporta Don Juan malade sur les hauteurs de Bouges dans une ferme en ruine, où un vaste colombier à deux étages était resté debout. On remplaça l’échelle par un escalier ; on ferma les
ouvertures par des rideaux ; on couvrit les murailles de tapisseries. C’est dans ce misérable logis qu’il allait agoniser et mourir le 1er octobre 1578 à 14 heures.
La ferme de Don Juan d’Autriche se trouve dans un cul de sac qui porte le nom de rue Don Juan d’Autriche. Elle est aujourd’hui la propriété de Monsieur Baivy.
Toutefois, comme nous l’avons vu, un acte notarié, daté du XVI e siècle et concernant la ferme dite « du quartier », y renseigne une grosse tour carrée. Cette ferme s’appelait
autrefois « ferme d’el tour ». Cela semblerait donc indiquer que Don Juan serait plutôt mort à la ferme du Quartier.
C'est en souvenir de Don Juan d' Autriche, qu'il y a une rue de Lépante à Bouge. Elle se situe après le Chemin des Aides vers la droite. (bataille de Lépante. Il avait écrasé les Turcs, (7
octobre 1751) victoire des forces chrétiennes de la Sainte Ligue (Espagne, Venise, Saint-Siège) dirigées par Don Juan d'Autriche, sur la flotte ottomane, près de Lépante (aujourd'hui Naupacte,
Grèce)
Don Juan a d’abord été enterré à la cathédrale Saint-Aubain à Namur, il fut ensuite exhumé et dépecé ; son cœur et ses entrailles restèrent à Namur, le reste fut transporté en Espagne, à
l’Escurial dans l’église Saint-Laurent où il fut enterré auprès de l’Empereur Charles, son père.
A la Cathédrale Saint-Aubain, le monument lui-même fut démonté et remonté plusieurs fois. Il a aujourd’hui la forme d’une plaque de pierre, gravée d’une épitaphe, et placée au dos de l’autel
principal de la cathédrale.
Il importe de souligner ici que c’est de Namur qu’est partie la « reconquista » des Pays-Bas par l’Espagne dont Alexandre Farnèse, le successeur de Don Juan, sera le principal artisan.
Au début du XVII e siècle, notre ville apparaîtra, en quelque sorte, comme la capitale des Pays-Bas espagnols.
Marie-Paule Lambert épouse Fernand Focant
Tous les dimanches et les jours de fête, messe à 10h45 à Bouge Ste Marguerite & à Bouge Moulin-à-Vent.